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Utiliser le numérique pour réduire l’impact environnemental du numérique ? Un paradoxe dont le mouvement Green Tech démontre l’efficacité, au point de lever des investissements publics. Convaincues de la nécessité de développer un comportement numérique responsable, de plus en plus d’entreprises intègrent des technologies Green Tech.

Internet et les usages numériques polluent. Le phénomène est invisible mais les chiffres le prouvent. Le secteur numérique représente aujourd’hui 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial. L’utilisation des smartphones, ordinateurs, objets connectés et des data équivaut à 10% de la consommation mondiale d’électricité. Facteur d’aggravation : la crise sanitaire, qui a vu croître la proportion d’internautes intensifs de 10% par rapport à la période pré-COVID . Ainsi les vidéoconférences, le stockage d’e-mails, le visionnage en replay, les communications Skype, WhatsApp ou Messenger, les like et bien sûr l’hébergement et le traitement de milliards de données dans les data centers agissent discrètement sur le changement climatique. À cause notamment de leur gourmandise en énergie qui connaît en moyenne un bond annuel de 8%, les serveurs en surchauffe nécessitent d’être refroidis 24H/24. Sans oublier les dommages environnementaux engendrés par l’utilisation de métaux rares et polluants nécessaires à la fabrication des matériels informatiques.

Les entreprises s’engagent en faveur d’un numérique responsable

Pour sortir de ces pratiques polluantes, les entreprises ont un rôle majeur à jouer en devenant actrices du mouvement Green Tech. Apparu dans les années 2000 aux Etats-Unis, la Green Tech repose sur l’idée de mettre la révolution numérique au service de la transition écologique. En d’autres termes il ne s’agit pas de rejeter le numérique mais d’utiliser la technologie et l’ingénierie de pointe pour réduire l’impact de l’Homme sur terre et réparer son empreinte délétère. Lancée en France en 2016 sous l’égide du ministère de l’Environnement, de l’énergie et de la mer, l’initiative Green Tech vise notamment à soutenir les projets des entreprises allant dans le sens de la transition écologique. Un label Green Tech permet aux entreprises de valoriser leur projet et de les aider à répondre à leurs objectifs tant environnementaux que commerciaux. Pour les consommateurs qui sont de plus en plus nombreux à adopter des modes de vie plus respectueux de la planète, la durabilité est en effet une valeur primordiale.

Les Green Tech innervent le secteur industriel

Energie, transports, urbanisme et gestion des déchets : la Green Tech est déjà présente dans tous les domaines de l’industrie. Ainsi des « smart grids », ces réseaux d’électricité qui, grâce à des technologies informatiques, ajustent les flux d’électricité entre fournisseurs et consommateurs. Ainsi également des véhicules hybrides ou électriques, des green buildings, ces bâtiments économes en énergie ou de l’industrie de recyclage des déchets. Dans tous ces exemples, les Green Tech sont utilisées avec profit pour le client et l’environnement. Non seulement elles assurent les mêmes résultats que les technologies traditionnelles, voire les supplantent, mais en plus elles génèrent moins de déchets toxiques.

Les Green Tech repensent l’ensemble de nos modes de vie

Et demain ? La valorisation en énergie de la chaleur dégagée par l’activité numérique est au cœur de plusieurs projets. Une entreprise a même mis au point un ordinateur-radiateur, capable d’utiliser la chaleur dégagée par les processeurs pour chauffer la maison. Dans le secteur de l’agriculture des robots enjambeurs viticoles, dotés de panneaux photovoltaïques, permettent de pallier les problèmes liés à la suppression des herbicides. Dans le domaine de l’urbanisme enfin, un nouveau type de mobilier urbain a fait son apparition : un arbre solaire connecté qui propose une panoplie de services aux citadins.

Des usages numériques revisités par les Green Tech

Pour devenir plus durable sur le plan numérique, point n’est besoin d’être porteur d’un projet révolutionnaire. L’entreprise peut réduire son impact en engageant une série de transformations : mesure de l’empreinte carbone de son site web en s’appuyant sur des outils dédiés, approche logicielle écologique et réduction de la collecte et du stockage de ses données. Concepteurs et développeurs peuvent également se former à l’éco-conception de services numériques. De fait, il est aujourd’hui possible de proposer une option « mode sombre » ou d’utiliser des images plus petites pour réduire le transfert des données. Un code plus frugal peut satisfaire les attentes des utilisateurs. Enfin, grandes consommatrices de matériels électroniques, toutes les organisations ont intérêt à développer des achats IT responsables, et à dimensionner correctement leurs besoins, pour éviter la surconsommation. Une manière concrète de réduire la dette environnementale comme les y incite l’indice de réparabilité institué par la loi du 10 février 2020 sur la lutte contre le gaspillage et pour l’économie circulaire.

Toutes les entreprises, quelle que soit leur échelle, doivent donc mettre le cap sur un usage plus vertueux du numérique. Les employés attendent des changements. Même si 66 % reconnaissent que leur entreprise a déjà fait un premier effort en la matière, 74 % des salariés aimeraient que leur entreprise aille plus loin . Parmi les multinationales à s’engager, Google a choisi de devenir le premier acheteur mondial d’énergies renouvelables. Elon Musk, PDG de Tesla Motors a revu quant à lui sa décision d’accepter les paiements en bitcoins au motif que l’extraction, l’achat et la vente de la cryptomonnaie ont des conséquences néfastes pour la planète.

On l’aura compris, la solution n’est pas de renoncer aux activités en ligne mais d’adopter des comportements numériques moins polluants. Un défi d’envergure que le mouvement Green Tech peut nous aider à relever grâce aux innovations technologiques qu’il introduit dans l’industrie et notre quotidien.